Philippe Martin et l’association Matorral : écologie et paysages autour du lac du Salagou

Philippe Martin et l’association Matorral : écologie et paysages autour du lac du Salagou

En mai 2008, millau.tv rencontrait Philippe Martin, écologue et animateur-technicien de l’environnement pour l’association Matorral. Dans le château de Saint-Privat, il parlait déjà avec passion des paysages du Salagou, de la garrigue héraultaise, et des défis liés à l’éducation à l’environnement. Plus d’une décennie plus tard, son discours garde une résonance saisissante.

Une association enracinée dans le territoire

Créée en 2007, Matorral (du nom de la végétation méditerranéenne) a choisi Saint-Privat comme point d’ancrage. Dans ce petit château Renaissance, l’association développe un centre d’accueil où se mêlent expositions, conférences et documentation naturaliste. Philippe Martin y rassemble plus de 70 000 photographies et une vaste bibliothèque, servant de support à ses actions de sensibilisation.

L’objectif : éduquer à l’environnement, de la maternelle à l’université, en passant par les seniors, avec sorties de terrain, conférences, animations et formations.

Éduquer avant de protéger

Pour Philippe Martin, la priorité n’est pas de protéger les plantes ou les animaux de manière abstraite, mais de les faire connaître afin d’apprendre à gérer durablement le territoire.

« On ne peut pas préserver un environnement rural méditerranéen sans le connaître et sans le faire connaître aux gens. »

C’est cette philosophie qui guide Matorral dans ses diagnostics environnementaux et paysagers, comme celui mené sur le massif de la Ramasse, entre Nébian, Clermont-l’Hérault et Villeneuvette.

Un paysage façonné par l’homme

L’écologue insiste : les paysages du Languedoc ne sont pas seulement naturels, ils sont construits par des siècles de travail paysan. Terrasses de pierre sèche, capitelles, pâturages, feux pastoraux… autant de pratiques qui ont façonné un environnement unique.

Mais avec la déprise agricole, la forêt gagne du terrain, et l’identité méditerranéenne s’efface peu à peu au profit d’un couvert uniforme de pins ou de chênes. Philippe Martin y voit un danger écologique, culturel et économique :

« Pas d’homme, et on se retrouve en Bavière. Mais a priori, on préfère passer nos vacances ici, dans un paysage méditerranéen riche et humanisé. »

Paysages, biodiversité et économie locale

Les paysages minéraux – roches rouges du Salagou, chaos dolomitiques de Mourèze, rochers du Larzac – sont à la fois une richesse écologique et une ressource économique majeure, car ils attirent visiteurs et randonneurs. Pour Philippe Martin, préserver ces paysages, c’est préserver l’avenir touristique et donc économique du territoire.

Un appel à la responsabilité collective

En 2008 déjà, il alertait :

« Si on se tire une balle dans le pied en ne respectant pas les paysages patrimoniaux et pittoresques, on va à la catastrophe. Alors au boulot ! »

Un message toujours d’actualité face aux enjeux de biodiversité, de changement climatique et de désertification rurale.

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