À la rencontre de Claudy Sarrouy : de Roquefort aux planches, une vie entre engagement social et théâtre clownesque

Portrait de Claudy Sarrouy – À la rencontre de… Millau.tv
À la rencontre de Claudy Sarrouy – photo millau.tv

À la rencontre de Claudy Sarrouy : de Roquefort aux planches, une vie entre engagement social et théâtre clownesque

Chapô — À 73 ans, Claudy Sarrouy déroule une vie bien remplie : enfance ouvrière à
Roquefort, éveil politique à la fin des années 60, carrière d’assistante sociale en région parisienne…
et, en parallèle, une passion tenace pour la scène : clown, café-théâtre, Avignon, ateliers.
Revenue en Aveyron, elle continue de créer, notamment avec son personnage vidéo Monique Chauvin.
Un récit où se mêlent mémoire, engagement et humour.


🎬 L’entretien en vidéo

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Roquefort, années 50 : une enfance ouvrière

Née en 1951, dernière d’une fratrie de quatre filles, Claudy grandit dans les quartiers ouvriers
logés par les caves. Son père est ferblantier, sa mère cabanière — elle sale, retourne, déplace des meules
dans des caves à 7–8 °C.

La vie s’organise autour de la cuisine et des parties de belote. Quand la télévision apparaît au village,
voisins et amis s’installent sur des chaises en paille pour le film du dimanche soir. Les bals rythment l’année :
on s’y prépare des semaines à l’avance, on s’y rencontre, on s’y jauge.

« Voir derrière les montagnes »

Bonne élève, Claudy rêve très tôt d’ailleurs. Elle part étudier à Bourges dans un lycée technique de
couture industrielle. Le programme ne lui ressemble pas, mais l’expérience élargit l’horizon.

Arrive 1968. Les slogans, les assemblées, la rue : un basculement intime. Elle découvre la pensée marxiste,
interroge l’injustice sociale, comprend qu’on peut prendre la parole. « Une lionne est sortie de moi », résume-t-elle.

Paris : choisir le social

Après des petits boulots, Claudy reprend des études et obtient le diplôme d’assistante sociale.
Elle entre au Conseil départemental du Val-de-Marne.

Pendant des décennies, elle accompagne familles, migrants, personnes en difficulté au sein d’équipes pluridisciplinaires.
Plus tard, elle invente de nouvelles façons d’aider : insertion par le théâtre, travail de la prise de parole,
de l’estime de soi, petites restitutions de fin d’année. « J’ai vu des personnes muettes au début
monter sur scène quelques mois plus tard. »

La révélation du clown

En parallèle de son métier, Claudy se forme au clown et monte ses premiers seules-en-scène.
Elle écrit notamment un spectacle sur la maternité, puis crée Madame Olive, assistante sociale : une figure
tendre et caustique qui tourne dans des festivals et des administrations partout en France.
La scène devient une respiration, un deuxième métier. Elle passera aussi par Avignon, cafés-théâtres
et scènes ouvertes.

Retour en Aveyron

À l’heure de la retraite, Claudy finit par revenir en Aveyron. Elle rejoint des ateliers d’écriture
et de lecture
, retrouve le clown au sein d’un collectif local et continue d’écrire. Le lien avec le public reste
central : rire, partager, transmettre.

Monique Chauvin, la France moyenne en caméra-poing

Avec un petit coup de pouce de millau.tv, Claudy donne naissance à Monique Chauvin, personnage vidéo à la fois
populaire, direct et drôlement lucide. Les épisodes, courts et nerveux, prolongent sur Internet
le travail de scène : observer, grossir le trait, faire rire, faire réfléchir.

Repères

  • 1951 — Naissance à Roquefort (Aveyron).
  • Années 60 — École chez les sœurs, bals de village, arrivée de la télévision.
  • 1968 — Prise de conscience politique.
  • Années 70–2000Assistante sociale (Val-de-Marne), débuts au théâtre/clown, tournées et Avignon.
  • Années 2000Insertion par le théâtre : ateliers, restitutions, confiance retrouvée.
  • Aujourd’hui — Retour en Aveyron, ateliers, vidéos : Monique Chauvin.

Citation

« On peut se révolter, on a le droit de dire ce qu’on pense. »

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